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18 Shawwal 1340 – 18 Shawwal 1442: 102 ans déjà que Mame El Hadji Abdoulaye Niass quitta ce bas-monde

18 Shawwal 1340 - 18 Shawwal 1442: 102 ans déjà que Mame El Hadji Abdoulaye Niass quitta ce bas-monde

18 Shawwal 1340 – 18 Shawwal 1442: 102 ans déjà que Mame El Hadji Abdoulaye Niass quitta ce bas-monde

Biographie d’El Hadji Abdoulaye Niass

1- Origine du Nom NIASS:
Dans un entretien daté de 1968 avec la radio Gambia (voir Archives Audio), El hadji Ibrahima Niass (Baye) relate l’origine de leur famille : selon lui Rida II (al saani), originaire de la ville de Beyda en Lybie, arrivât au Sénégal au terme d’un Jihad, il s’installa dans un village et on lui donnât en mariage la Linguère Djeyla Niass, de leur union naquit un fils Samba, mais avant sa naissance son père dut repartir, raison pour laquelle on lui donna le nom de sa mère, il fut désormais appelé Samba Djeyla Niass.

2- Généalogie:
 fils de Mouhamad
 fils de Mademba
 fils de Bakary
 fils de Muhammad Al Amin
 fils de Samba Djeyla
 fils de Rida

El Hadji Abdoulaye Niass : Le Mujahidine:
El Hadj Abdoulaye Niass est né vers 1844, certains historiens avancent la date 1845, d’autres 1848 mais tous s’accorde à dire qu’il est né à Beli dans le Djoloff au Sénégal, fils de Mouhamad Niass et de Khadija Thiam ; Il mémorise le Coran auprès de son père qui était maître d’enseignement coranique.
Une ligue de résistance contre la colonisation française est créée par Maba Diakhou Ba ; suite à une demande écrite par ce très célèbre fondateur du Nioro du Rip sur les ruines de Paos, cité Mandingue du Badibou septentrionale où il avait pris le pouvoir aux princes Marones qui régnait jusque-là sur cette terre ; la plupart des marabouts répondirent à son appel, c’est ainsi qu’en 1865, son père Mouhamad Niass émigre dans le Rip pour y fonder le village de Niassène. El hadj Abdoulaye Niass l’y rejoignît la même année et fonda à son tour le village de Taïba Niassène. Il eut ainsi à affronter les troupes dirigées par le très célèbre chef de guerre français, Pinet Laprade dans la vallée de Pathé Badiane. Une patrouille qu’il dirigeait, selon les documents d’archives français, eu à affronter le lieutenant Le Clairet sur le lieu des Pangols de Ndorong où se trouve actuellement le lycée commercial portant son nom.
En 1867 l’Almamy Maba Diakhou décède, Mouhamad Niass se repli à Niassène et Abdoulaye Niass s’engage dans la lutte armée dans les rangs de Saer Maty Ba fils et successeur de Maba. L’année 1871 marque le décès de sa mère Khadija et il est initié à la tarikha Tidjani en 1873 par son oncle maternel Ibrahima Thiam dit Serigne Kelelle. À cette même date, il entreprend en parallèle son agrégation religieuse chez Cheikh Mokhktar Fa’NDiaye Niane à Bamba-Langhème (Saloum).
C’est vers 1874 qu’Il contracte son premier mariage et en 1875 Il renouvelle son initiation (Tajdîde) auprès d’un lieutenant de Cheikh Oumar TALL : Cheikh Mouhamad Ibrahim Diallo, un guinéen du Fouta-Djalon de passage à Keur Mamadou Néné (Wack Ngouna). L’année suivante soit en 1876 sont père Mouhamad Niass décède à son tour.
Pendant que l’Etat du Rip traverse des guerres internes et fratricides, le Roi du Saloum déclenche des hostilités revanchardes contre celui-ci. Le Village de Niassène et sa Grande Mosquée furent brûlés à cette période conflictuelle. Quoique, El hadji Abdoulaye eut à écrire un ouvrage pendant cette période : « Miftâhoul-Anwâr wa Mounîloul-Asrâr ».
Il y’a lieu de donner des précisions : Le jihad au sens premier, est une guerre sainte, mais qui obéit aux enseignements du prophète Mouhamad (Psl) qui était la référence d’El hadj Abdoulaye en toute chose, selon le professeur El hadj Abdoulaye Diop de l’Université de Dakar, Mame Alhadji conseillait aux fidèles en guerre de respecter lors d’un conflit certains principes qui rendraient toute guerre « propre », à savoir la sauvegarde des faibles. Ces derniers sont constitués de femmes, vieillards, vaincus cessant de combattre, mais aussi les biens économiques, c’est-à-dire des champs à préserver, des puits à ne pas empoisonner ou boucher, etc. Lors des batailles historiques de Thiariak et de Somb, son attachement aux valeurs de l’Islam a émerveillé et conquit plus d’un, tous les témoignages rappellent son humanisme. Son combat était contre la colonisation, le fanatisme, l’ignorance et les déviances religieuses provenant des traditions séculaires.
En 1882, Il s’engage d’un côté, dans des combats contre les animistes pour la défense de l’Etat Islamique légué par l’Almamy du Rip et du Saloum, d’autre part, il entreprend avec d’autres sages des deux localités, des médiations entre parents et coreligionnaires belligérants (quelques membres de la famille de Maba-Diakhou dont son frère et successeur, l’Almamy Mamour-Ndari et certains Seigneurs de Guerre dont le Général Birane Cissé). Il participe en 1885 aux côtés du Bourba Jolof Alboury Ndiaye à la bataille de Naoudourou pour secourir Saer Maty. Les colonisateurs interviennent militairement, dans le Rip, le dominent et l’annexent au Saloum de Guédel Mbodj, lui ainsi que Saer Maty et quelques Mujahidounes, font résistances, il engagea son dernier combat, lors de la célèbre bataille de Coumbof près de l’actuelle cité de Mbirkilane, puis certains combattant acceptent l’armistice et d’autres émigrent vers la Gambie où il séjournera courtement environ 4 années à Bathurst d’où il exerça la fonction de Vizir dans la Chefferie temporelle de Saer Maty ; avant de s’installer à Taïba-Niassène.
El hadj Abdoulaye s’engage désormais avec les autochtones au développement de sa ville : Transformation de la mosquée, forage du puits et revalorisation des terres et de la production agricole, il insère ainsi sa communauté dans le tissu agro-économique du Bassin Arachidier et très vite il va battre tous les records de production agricole, il fera intégrer une Classe Mauritanienne au Saloum les Idawa’ly et fructifie sa correspondance et ses échanges avec l’Elite Arabo-Islamique de la Sénégambie, de la Sous-Région et d’Afrique du Nord. Parallèlement, il crée son Daara, anime son Majliss et dirige sa Zâwiya suivant le concept fondateur de la Tidjaniya.
Il occupera aussi d’importantes fonctions religieuses et spirituelles dans son agglomération : Imâm, Mufti, Qâdi, juste après le décès de son oncle Serigne Kelelle.
En 1890, la 1ère Biographie qui lui est consacrée est écrite : « Mouttrib Assâmiïne wan Nâzirîne » par Cheikh Mouhamad Ibn ’Abdoullah Ibn Mouhamad Ibn Mouhamad Assaghîr Attichity dit Ibn Mboja.
Des traités signés avec les souverains locaux placent la Sénégambie centrale sous l’autorité de la France et les rives Gambiennes sous celle de l’Angleterre. El Hadji Abdoulaye Niasse grâce à son engagement dans la culture arachidière et son action éducatrice voit ses revenus augmenter ainsi que le nombre de ses disciples. D’ailleurs un rapport du commandant de Nioro le décrivait comme le marabout ayant le plus de disciples dans le Rip et dans le Saloum, de même, Paul Marty donne une idée assez précise de la distribution de la clientèle d’el hadj Abdoulaye Niass dans la Sénégambie, il fait valoir que de tous les groupements religieux dérivés d’el Hadj Omar, sa branche, était la plus importante, hors Fouta.
Cette influence grandissante finit par porter ombrage à Mandiaye Bâ, le fils de Mamour Ndary. Ce dernier, de concert avec l’administration coloniale, l’accuse d’inciter à la révolte contre les Français, aussi la Révolte de NDjouma le Peul à Malem Hodar et la Bataille de DIOME contribuèrent à aggraver la situation et bien que l’accusation fût infondée, une dure répression s’abattit sur lui. En 1901, Le village de Taïba Niassène fut détruit par les Français, ses biens confisqués, sa mosquée incendiée et pillée. Il se réfugia, ainsi qu’un nombre important de ses disciples en Gambie, d’abord dans un village nommé Keur Samba Yacine à proximité de Ndiamacounda, puis ensuite à Sam à proximité de Khoughel.

El Hadji Abdoulaye Niass : Khalife et Grand Commandeur de la Tarikha Tidjani en Afrique de l’Ouest
A la date de 1903, el hadj Abdoulaye Niass décide de faire son pèlerinage à la Mecque, chose qui était très dur à l’époque ; ainsi il remonta le fleuve Gambie à sa source, parcouru les pays suivant : le Mali, le Burkina, le Niger, le Tchad pour arriver au Soudan (Port-Soudan) et de là-bas il traverse la mer rouge pour arriver à Yanbu’ une ville côtière non loin de la Mecque, il débute alors son Hajj, et séjournera au Hedjaz pour ensuite visiter Médine et enfin il continue sa pérégrination en Egypte à Alexandrie et le Caire où il obtint une très haute distinction de l’université Al-Azhar attestant de son érudition. Vraisemblablement, C’est à l’occasion de ce voyage qu’il fit connaissance avec des chérifs de l’illustre tribu mauritano-marocaine des Idaw’aly : Cheikh Mouhamad Ibn Cheikh al Chinguity et Cheikh Mouhamad Val al Fagha. Il devient la deuxième personnalité au Sénégal, après El Hadji Omar Tall, à avoir effectué le Hajj.
A son retour il continuera à vaquer à ses activités spirituelles et à s’occuper de sa famille. Il recevra la visite entre autres personnalités de Cheikh Ahmad ibn Assaêh (petit-fils de Cheikh Ahmad al Abdalawy et ambassadeur itinérant de la tarikha Tidjani).
C’est en 1910 qu’El hadj Abdoulaye entama, accompagné de son fils ainé et futur successeur Mouhamad Niass, un voyage au Maroc à la Zawiya mère de Fès où ils furent accueillis chaleureusement par les dignitaires.
Il n’existait en Sénégambie à cette époque que des Ijaza Mouhayat c’est-à-dire limité à un nombre précis de mouqadam (représentant), ce contexte s’avéra difficile face aux innombrables sollicitations dont El hadj Abdoulaye faisait part, alors il décida de se rendre à la source muni du désir d’avoir l’autorisation illimité. C’est par l’intermédiaire d’une des sommités de la Zawiya en l’occurrence Seydi Araby al Mouheb qu’il parvint à satisfaire sa demande. C’est au seuil de sa porte que Mame Alhadji fut conduit par un mystérieux homme qui le trouva au mausolée du Cheikh(RA) dans d’intenses invocations assis sous le pilier suprême. Leur rencontre entérina la totale satisfaction de ses supplications c’est ainsi qu’il a rapporté de précieux manuscrits contenant des arcanes et secrets indévoilables dont la permission pour le nom suprême (Ism’Allah al Adham), il lui fût aussi conféré l’Ijaza Itlaq : « consécration suprême dans la tarikha Tidjani » et il devient le premier en Sénégambie à cette époque à avoir eu ce grade ; le Manuscrit Original du Jawâhiroul’ Ma’âni lui est octroyé par le Khalife Mouhamad al Bachir Tidjani en personne, ainsi que 4 perles du Chapelet de Seydi Ahmad Tidjani (RA), quelques-uns de ses cheveux, des effets personnels appartenant au Fondateur de la Voie, et il recevra en tout un total de six (6) Ijâzâte (Consécrations) de :
1.-Cheikh Mouhammad Al-Bachîr ATTIJÂNY
2.-Cheikh Ahmad AL-’ABDALLÂWY,
3.-Cheikh Sidi Taib AS-SOUFYÂNY
4.-Cheikh Mouhamad Al-’Araby Al-Mouheb Al-SAJELMÂSSY,
5.-Cheikh ’Abdou’Karîm BANNISS
6.-Cheikh Ahmad SOUKEYRIDJ

Son fils Mouhamad profita de cette visite pour continuer sur La Mecque où il effectua son pèlerinage via l’Europe, avant de retrouver son père à Fez pour faire ensemble le voyage du retour. De retour au Sénégal, El hadj Abdoulaye Niass fît d’abord une halte à Thiès chez la famille Ndieguène avant de poursuivre vers Tivaouane, ce détour est expliqué par un engagement pris au Maroc pour remettre à l’érudit de Tivaouane un des secrets de la Tijaniya que celui-ci avait requis par correspondance mais qui lui a été envoyé par messager verbal, ledit secret n’étant pas réinscriptible ainsi que l’Ijaza Itlaq. El hadj Abdoulaye séjournera en maitre à Tivaouane où il fût l’hôte de son homologue et frère cadet, Cheikh el hadj Malick Sy Ibn Ousmane, qui l’accueilli, pendant 3 mois entre janvier & mars/1911, avec une très grande amabilité et hospitalité. En effet, c’est lui qui dirigeait les prières et le Wazifa, donnait les Wirds et les demandes d’Ijaza, nouait les mariages etc. En son honneur, Maodo dira un poème très élogieux : « Atâ habîbî ». A par cela, El Hadj Malick intervint auprès des Autorités Coloniales pour le retour d’El hadj Abdoulaye au Sénégal et engagea, à cet effet et à ses frais et charges, un avocat mulâtre : Maître Carpot. Plus tard quand el Hadj Abdoulaye pris congé de son hôte, ce dernier l’accompagna jusqu’à Gossas et lui recommanda de passer à la Commanderie du Cercle de Kaolack.
A l’Injonction de William Merlaud-Ponty, Gouverneur Général à Saint-Louis, Brocard, le Commandant du Cercle installe el Hadj Abdoulaye Niass à quelques mètres du Centre-ville. A sa nouvelle terre à Kaolack il donna le nom de Léona Niassene, en wolof Lew na Niassène : ceci est licite aux Niassène.
Il était épuisé par l’âge au point qu’il ne put regagner la Gambie où il avait laissé sa famille. C’est à son fils Mouhamad qu’il demanda d’aller les ramener. El hadj Abdoulaye a séjourné pendant quelques mois chez le qadi de la cité Kaolackoise, El Hadji Abdou Hamid Kane, qui l’a aidé à édifier ses nouveaux quartiers à Leona où il bâtit sa célèbre Zawiya dimensionnée sur celle de Fez grâce à un rouleau de cordes logées dans un gros sac. Ce cordage a été utilisé pour la première fois pendant son transit à Thiès chez El Hadji Amadou Baro Ndjéguène pour sa Zawiya, ensuite à Tivaouane où elle fut utilisée pour les contours de la Zawiya d’El Hadji Malick Sy. Sa concession est érigée et il vivra désormais avec toute sa famille au complet pour reprendre ses activités et par la même occasion il adopte le village de Kossy-Mbiteyene en tant que résidence hivernale et ferme agricole de proximité.
En 1913 une kyrielle de savant et d’érudits dont de très distingués personnalités sont venus lui faire la Ziyâra, comme : Cheikh Ahmad Ibn As-Saêh pour la 2ème fois et Entre autres : Cheikh Attijâny Ibn Baba Ibn Ahmad Bayba Al Alawy (frère de l’auteur du Mouniyatoul Mourid), Cheikh Mouhammad Al-Kabîr Ibn Maham Al Alawy (petit fils de l’auteur de Rawdou châma’il) et Cheikh ’Abdoullâh Ould Al-Hâjj Al Michry Al Alawy (l’auteur révérencielle en matières gnostiques « ilmoul adhwaq, Marifatou billahi »).
La fin de la 1ère Guerre Mondiale (1914-1918) rapproche les Colonisateurs des Colonisés et accentue le pansement des plaies hégémoniques. On en vient à de bons sentiments, à de meilleures considérations. les colonisateurs tenteront de se rapprocher de la Zâwiya de Léona-Niassène. Mais El Hadji Abdoulaye restera toujours méfiant vis à vis des autorités coloniales, il n’enverra aucun de ses fils ou disciples dans leurs écoles, malgré ce rapprochement qu’ils ont tenté. Mouhamad, le fils aînéd’El hadj Abdoulaye sera désormais confié la plupart des responsabilités, il prodiguait tous les enseignements, et s’occupait des affaires de son père qui ne Cessât de le recommander à tous ses disciples sur une période de 10 années. En 1922 il dicte son dernier ouvrage : « Al-Asrâr-Ar-Rabbâniyya fil-Haddi ’alâ Attarîqa Attijâniyya ».
Il y’a lieu de noter ici que sa production littéraire était énorme, aussi bien dans les sciences islamiques que dans la pharmacopée surtout dans la médecine traditionnelle dont il était un expert confirmé. Cependant les migrations subites et répétées qui sont intervenus dans sa vie, sa cité brulée et la confiscation par les colons de ses biens ont laissé peu de ses ouvrages à disposition de sa descendance.
Au 18 Shawwal 1340 correspondant au Mercredi 14 Juin 1922 du calendrier grégorien, El Hadj Abdoulaye NIASS quitta ce monde terrestre et fût inhumé dans sa Zawiya d’après sa propre recommandation parce que disait-il comme d’illustres pôles qui lui avaient précédés comme Sidi Ali Tamacini, il avait atteint le maqamat Qutbaniya al Oudhma (pôle) et ne devait être enterré au cimetière comme l’administration coloniale stipulait, malgré cette prohibition, le commandant de cercle Brocard signa l’autorisation pour procéder à l’inhumation dans la Zawiya. Il faut rappeler que 15 jours après, le Mardi 27 Juin 1922, Seydi El hadji Malick SY rendit l’âme à Tivaoune.Il a légué le leadership d’une communauté économiquement prospère et très réputé sur le plan intellectuel à ses fils et son ainé El hadj Mouhamad devint son successeur.

Source: Faydatidianiya.com – nayloulmaram.com ( El Hadji Idrissa DIOUM Travaux de Recherche et de Documentation du CEVOK)

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