Baye Niasse a fait ses premières classes coraniques entre Taïba Niassène, une commune dans le département de Nioro du Rip et Kossi Baye, un village situé dans la communauté rurale de Ndiaffate. A l’âge de 21 ans, il écrivit son premier livre, « Rouhoul Adab », qui étonna plus d’un, notamment dans le monde arabe, par sa portée scientifique et sa haute qualité linguistique. Après le rappel à Dieu de son père, il resta sous l’autorité du chef de la famille, Mohamed Niasse dit Baye Khalifa, un « protecteur » doublé d’un ami, qui lui laissa la direction de l’école coranique de Médina Baye.
Baye Niasse dirigea les cérémonies de récitation du Coran et la lecture du »Hamzia de Boucheyri » appelé »Mawlid » à Médina Baye, qui marque le début de chaque célébration de la naissance du prophète Mohamed (PSL). Après avoir fondé la ville de Médina Baye en 1930 et accompli le pèlerinage à La Mecque en 1937, Baye Niasse, que l’on nommera Cheikh Al Islam plus tard, fut très vite connu au Sénégal et dans la sous-région ouest-africaine. Non seulement par la diversité du savoir qu’il dispensait, mais surtout par son implication dans les grandes causes africaines. Il visite plusieurs grandes villes d’Afrique pour expliquer la Tijaniya, une branche de l’islam soufi. Une exposition organisée sur l’esplanade de la grande mosquée de Médina Baye, à l’occasion du Maouloud, renseigne qu’il a visité une vingtaine de fois le Ghana alors dirigé par l’un des chantres du panafricanisme, Kwame Nkrumah, qui lui vouait « une grande admiration ».
Lors de ses périples ghanéens, Baye Niasse séjournait le plus souvent à Accra, la capitale, mais aussi à Kumasi, Tamale et Takoradi. Une visite qu’il effectua au Ghana en 1954 frappa les esprits de la communauté musulmane mondiale parce que Cheikh Ibrahima Niasse avait réussi à convertir à l’islam près de 50 mille personnes en un après-midi, selon l’exposition organisée à l’occasion du Maouloud. Une photo montre le guide spirituel devant une foule impressionnante. Au Togo où l’islam est minoritaire, Baye Niasse a réussi à convertir à la religion musulmane « plus de quatre mille personnes » membres de plusieurs ethnies, dont les bafilos, les kri-kris, les atakpanas et les katakolis.
Au Cameroun, Baye Niasse va trouver des adhérents à son mouvement, la Faydatidianiya, auprès des jeunes de la localité de Bamou. Le mouvement a vite pris la forme d’une opposition à l’ethnie des lamidos, selon l’exposition.
Le Maroc, la Mauritanie, le Soudan, Dubaï (Emirats Arabes Unis), l’Arabie Saoudite, le Nigeria, le Niger, le Tchad, la Guinée, le Mali, la France, l’Angleterre (où il rendit l’âme), le Pakistan, l’Irak, l’Iran et la Chine étaient ses principales destinations.
Dans un monde marqué par la colonisation, puis par la guerre froide, Cheikh Ibrahima Niasse parvint à se rendre aux quatre coins du monde pour vulgariser la Sunnah du prophète Mouhammad (PSL). Par ses nombreux périples effectués dans la sous-région ouest-africaine, en Europe et en Asie, Baye Niasse acquit une réputation d’apôtre du panafricanisme. « Baye Niasse s’est aussi rendu hors du continent, notamment en France, en Angleterre, en Belgique, en Indonésie, en Chine et au Pakistan pour y prêcher. Il fut notamment le premier négro-africain à diriger la prière, dans la prestigieuse mosquée d’Al Azhar, en Egypte », rapporte l’exposition.
Lors d’un de ses voyage en Egypte, le président Gamal Abdel Nasser « était convaincu d’avoir rencontré l’homme qui [diffuserait] sa pensée, sa vision panarabe et anticoloniale en Afrique subsaharienne ». Les deux hommes se lient d’amitié l’un avec l’autre. Et à force de vulgariser l’islam dans le monde arabe, Baye Niasse y acquit le titre de Cheikh al Islam. Au début des années 1960, Baye Niasse fut nommé membre de l’Académie de recherche de l’Université d’Al Azhar, ensuite secrétaire général adjoint de la Ligue mondiale islamique, basée à La Mecque (Arabie Saoudite), puis vice-président du Congrès mondial islamique, dont le siège se trouve à Karachi (Pakistan).
« C’est un homme qui sans doute dispose d’une longueur d’avance sur sa génération et son époque. Il était d’une autre dimension », a écrit un chercheur nommé Yakubu Gawon, cité par l’exposition.
« Il était (…) un grand diplomate. Il s’est rendu notamment en Chine populaire, un pays avec lequel le nôtre n’avait pas encore des relations (…) C’était un missionnaire, qui partait toujours à la conquête du monde (…) pour vulgariser la Tijaniyya », a dit de lui Barham Diop, l’un de ses plus proches collaborateurs. Les disciples de Baye Niasse se comptent aujourd’hui par milliers au Nigeria, au Ghana, au Niger, au Bénin, au Mali, au Tchad, au Soudan, en Europe, dans les Amériques et en Asie.
source : faydatidianiya.com