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Chronique d’un « talibé » : Muhammad (psl) n’est pas Mahomet et islâm n’est pas soumission

baye mouhamad

Mahomet est la négation de Muhammad comme soumission l’est pour Islam. Le discours sur l’Islam requiert une attention particulière aux concepts, à leurs sens étymologiques, à leurs usages dans les textes fondateurs ainsi qu’à leurs développements.
Le simple recours aux traductions de vulgarisation non savantes, induit lourdement en erreur fut-ce pour une première approche superficielle. Notons que cette remarque est aussi valable pour d’autres approches et pour d’autres conceptions philosophiques.
C’est dans cette optique que nous allons tenter de rendre au terme Islâm le ou les sens qu’il déploie pour exprimer une conception et une attitude à la fois.
Le mot Islam, Al-islâm en arabe, a comme racine le verbe salima qui signifie au sens premier, non altéré, préservé en l’état premier, sain. D’où Al-salâm l’expression de la non-hostilité et de la paix « lorsqu’ils sont interloqués par les ignorants, ils disent salâmâ ». Al-islâm donc détermine un état de paix et l’expression de non-hostilité envers autrui. Ainsi, Le verbe aslama qui exprime l’action de celui qui rentre en Islam exprime d’abord un état d’être, celui d’être entier, en paix avec soi-même. Ensuite celui dont les personnes ne redoutent ni son hostilité verbale ni physique. Et principalement, celui qui, retrouvant la voix de sa nature première fait acte volontaire d’adhésion à la voie qui mène vers Al-salâm, Allah le Sain.
(…) Il convient ici de rappeler que dans le Coran aussi bien que dans les traditions du Prophète, les trois termes Islâm, Imân et Ihsân désignent tous les trois la voie de l’Islam. Le mot Al-islâma été retenu comme générique, car il se rapporte à la base commune. Al-imân étant un degré avancé dans l’approfondissement spirituel et moral, alors qu’Al-ihsân représente une étape supérieure au niveau métaphysique.
Respectivement, Imân et Ihsân signifient avoir confiance en ou faire acte de foi et parfaire ou agir avec excellence. La soumission ne peut être retenue pour qualifier le terme Islam, car elle n’embrasse pas ses trois dimensions.
Un autre terme fort utilisé pour désigner le musulman dans les usages et dans les textes scripturaires est celui de ‘Abd, souvent traduit par serviteur ou esclave. Ainsi, ‘Abd-Allah donne esclave d’Allah ce qui renforce l’idée de soumission comme attitude du musulman. Alors que la racine ‘Abbada est un verbe qui signifie aplanir, rendre droit.
Également en tant que cheminement spirituel d’un point de vue soufi, al-‘ubûdia serait la prise de conscience totale, de la pauvreté absolue de l’humain envers Allah l’Autosuffisant alors qu’al-‘ibâda serait l’expression de cette distinction et cette dépendance. Aussi, al-‘ibâda se nourrit de cette prise de conscience faute de quoi elle n’est qu’apparence sans vie ni souffle.
Faire foi ou avoir foi est souvent exprimé par l’affirmatif dans les religions. À notre connaissance, l’Islam seul se distingue par une attestation qui s’annonce d’abord et avant tout comme une négation : Lâ, non. Ce non qui traduit philosophiquement un double mouvement incessant, alternant la négation lâ et l’affirmation illâ. Ce mouvement anime une dialectique de la pensée, dans laquelle le croire n’est pas une simple installation confortable dans un dogme inerte. Ce non encore, est la condition sine qua non pour attester l’Unité Absolue et absolument inatteignable.
Savoir dire non c’est avant tout, savoir refuser la soumission.
Savoir dire non c’est ce moment de recul pour s’approprier l’engagement. Savoir dire non c’est aussi dire non, islâm n’est pas soumission.

 

 

 

source : faydatidianiya.com

Auteur : Saïd Moustarhim – Enseignant et Conseiller en psychologie appliquée

Master en sciences des religions.

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