Parler du Prophète de l’islam et de sa relation à la féminité, c’est en vérité parler de la nature prophétique et de sa propre féminité. Cela doit d’ailleurs nous permettre de comprendre comment l’ensemble des femmes peut effectivement se reconnaître, en toute simplicité, à travers le Prophète et y trouver un accomplissement.
« O toi, le Prophète ! Nous avons déclaré licite pour toi : les épouses auxquelles tu as donné leur dot, les captives que Dieu t’a destinées, les filles de ton oncle paternel, les filles de ton oncle maternel, les filles de tes tantes maternelles – celles qui avaient émigré avec toi – ainsi que toute femme croyante qui se serait donnée au Prophète pourvu que le Prophète ait voulu l’épouser. Ceci est un privilège qui t’est accordé, à l’exclusion des autres croyants. »(Coran XXXIII, 50).
Si Dieu a rendu licite au Prophète « toute femme croyante qui se serait donnée à lui pourvu que celui-ci ait voulu l’épouser », c’est que ces femmes croyantes comprennent intuitivement la réalité lumineuse prophétique, et dès lors, envisagent spontanément de se donner à lui, s’il accepte, avant tout autre homme croyant. Dieu, ici, ne fait donc qu’autoriser le Prophète à accéder au désir légitime de ces croyantes qui recherchent dans l’union d’un mariage « divin » la réalisation suprême.
Ibn al ‘Arabi nous dit à ce propos : « Or, comme la réalité divine est inabordable directement sous le rapport de l’Essence, et qu’il n’y a de contemplation attestée que dans une substance, la contemplation de Dieu dans les femmes est la plus intense et la plus parfaite ; et l’union la plus intense (dans l’ordre sensible qui sert de support à cette contemplation) est l’acte conjugal ».
De fait, il y a « conaturalité » entre le Prophète de l’islam et les femmes quant à la Lumière divine. En effet, le Prophète a été créé à partir de cette Lumière et les femmes sont le support privilégié de celle-ci en ce monde, notamment lorsqu’elles deviennent mères et qu’une âme prend appui sur l’une d’entre elles, ainsi qu’en atteste le hadith : « Le Paradis est sous les pieds des mamans ».
La première manifestation explicite du lien privilégié entre la féminité et la réalité plénière intérieure et extérieure de l’Envoyé de Dieu est relatée de la façon suivante :La scène se passe le jour du mariage du futur père du Prophète, ‘Abd Allah, avec sa future mère, Amina. En ce jour béni, ‘Abd Allah passe près de chez Qutaylah, sœur du croyant Waraqah – reconnu par tous comme un hanif 1 –, en vue de se rendre chez le père d’Amina. Qutayla voit alors, émanant du visage d’‘Abd Allah, une lumière venue d’un autre monde.
Troublée au plus profond d’elle-même et convaincue d’avoir perçu l’annonce même du Prophète tant attendu, elle propose, en toute spontanéité intuitive, de se donner à lui par mariage, afin que le père du futur Prophète dépose en elle cette Lumière, qu’elle est seule à avoir vu directement. Mais Dieu n’en avait pas décidé ainsi et Amina devint la mère du futur Prophète alors que ‘Abd Allah mourut avant même sa naissance.
Le plus remarquable est de constater que cette « lumière » prophétique est toujours perçue et recueillie par une femme, avant les hommes ; que ce soit pour Qutaylah, Amina qui se savait porteuse de cette lumière, ou Khadija, la première femme du Prophète, qui voyait la « lumière » émaner de lui. Cette vérité se perpétue également à travers les croyantes dont parle le Coran.
Mariages et concubinages :
Afin de mettre le statut du Prophète de l’islam en conformité extérieure avec la Loi divine (shari’a), énoncée pour l’ensemble des croyants, à savoir : « Epousez, comme il vous plaira deux, trois ou quatre femmes. Mais si vous craignez de ne pas être équitables, prenez une seule femme » (Coran IV, 3), il est ordonné au Prophète ceci : « Il ne t’est plus permis de changer d’épouses ni de prendre d’autres femmes, en dehors de tes esclaves, même si tu es charmé par la beauté de certaines d’entre elles. Dieu voit parfaitement toute chose » (Coran XXXIII, 52).
Ces versets sont à rapprocher de celui où il est dit sans ambiguïté, contre les mœurs du temps et contre le comportement récurrent des hommes qui s’établit selon la loi du plus fort : « Vous ne pouvez être parfaitement équitables à l’égard de chacune de vos femmes, même si vous en avez le désir » (Coran IV, 129). Il y a là une indication forte en faveur du monogamisme.
Et c’est donc dire que les hommes se doivent de maîtriser leur désir plutôt que de s’acharner à vouloir maîtriser un autre être – ici la femme – objet de leur désir, ce que socialement ils ont voulu établir et instituer contre toute vérité…
source : faydatidianiya.com – par Michel Abdallah Grimbert