Cette connaissance est une expérience mystique que permet la gnose (ma’rifatu). Elle ne reste jamais à l’état de connaissance théorique ; c’est une connaissance salvatrice et cela, parce qu’elle engage l’homme spirituel, l’homme intérieur sur la voie de la délivrance et du salut. Cette connaissance est le voyage qui va du monde créaturel vers Dieu.
Cette montée vers Dieu, réalisée, il s’effectue le parcours mental inverse qui est une redescente vers le monde créaturel par Dieu (Baqâ). Il y a désormais simultanéité entre la fusion unitive et la séparation distinctive de sorte que l’œil de la vision intérieure contemple l’unité dans la multitude des formes, dans la vision même de l’unité.
Il se produit de ce fait une transformation de soi-même, une métamorphose intérieure qui consiste à franchir toute la distance qui sépare la certitude de la connaissance théorique (ilmulyaqîn), et la certitude de la connaissance personnellement réalisée et vécue (haqqulyaqin) tant qu’il y a un moi retiré en son égoïté et en face de lui un être divin abstrait, retire en son incognoscibilité (le fait qu’il soit inconnu), il ne peut y avoir une véritable connaissance de cet être.
Celle-ci (la connaissance de l’être divin) n’est possible que par le mystère de l’épiphanie qui substitue le sujet primitif (l’homme aspirant à la connaissance divine) par le sujet absolu (Dieu) qu’il essayait d’intelliger car en réalité Dieu ne peut être connu que par Lui comme sujet absolu, parce que, en Sa vérité et en Son Essence, il ne peut jamais être un objet sur lequel on délibère ; que ce soit en historien, en philosophe voire en théologien.
Sous un autre rapport, la connaissance éprouvée de Dieu est un voyage intérieur qui permet des passages à trois niveaux de certitude :
* Le premier niveau est celui de la certitude théorique (ilmulyaqîn), c’est par exemple, avoir entendu parler du feu sans jamais l’avoir vu.
* Le deuxième niveau est celui de la certitude du témoin oculaire (‘aynulyaqîn) ; c’est voir le feu de ses propres yeux et comprendre personnellement ce que c’est que le feu.
* Le troisième niveau est la certitude personnellement et gnostiquement vécue et réalisée (haqqulyaqin) : c’est être soi-même le feu, ou être brûlé par le feu au point que lui seul subsiste.
C’est par ce troisième niveau que la prononciation de la Shahâda devient non plus une formule lapidaire récitée dans l’ignorance de son contenu réel, mais un témoignage sincère énoncé en toute connaissance.
Ce sont ceux de ce niveau qui sont en réalité les seuls exempt du pêché que Dieu abhorre le plus, le pêché d’associationnisme.
source : faydatidianiya.com