D’ici trois jours tout est en fête. Tous les coeurs des musulmans sont dans la joie. Tout autour de vous. Les rues sont animées. On vend des bonbons de toutes les couleurs, des friandises, de poupées de sucre, des jouets. Les pétards éclatent en fleurs de brillants lumineux . Des tentes sont dressées . Des parades ont lieu . Nos drapeaux verts ondulent au vent léger . Partout , dans chaque demeure , même la plus modeste ,vous pouvez entendre la lecture du Coran et la nostalgique psalmodie des cantiques du “mawled” .
Si aujourd’hui tout le monde musulman tressaille d’allégresse c’est parce que nous sommes le 12 du mois de Rebi–El–Awal , anniversaire de la naissance de notre Prophète Mohammad (psl),que la bénédiction et le salut de Dieu soient sur lui !Il y a de cela mille trois cents ans ,les Arabes vivaient groupés en tribus . La plus connue d’entre elles était celle de Koreiche habitant la Mecque .C’est dans cette ville qui s’élevait le temple sacré des Arabes , la Kaaba , dont la garde était confiée aux notables de Koreiche . En ce temps–là ,enfants , le roi d’Ethiopie guerrayait depuis déjà plusieurs années avec les Arabes . Montés sur des éléphants, ses soldats bruns étaient aux portes de la Mecque .La ville et la Kaaba tremblaient sous la menace du pillage.
Mais le Tout –Puissant à qui rien de ce monde n’échappe veillait sur la cité et sur le temple .En l’honneur de la venue de notre Grand Prophète, il les délivra des mains meurtrières de leurs ennemis .Descendus du ciel , de petits oiseaux au bec chargé de pierres lancèrent une pluie de flammes sur les assaillants .Les Éthiopiens battirent en retraite . Au cours de l’enthousiasme général causé par cette victoire , selon les desseins du Seigneur ,Aména mit au monde un garçon qui prit le nom de Mohammed . L’enfant naquit peu après la mort de son père .
Sa venue en ce monde fut considérée par toute la tribu comme un signe de bonne augure . Ainsi en fut elle joyeuse au plus haut point .Dans la famille ,ce fut à qui chérirait le mieux le nouveau –né et prêterait aide et assistance à sa mère .L’oncle de l’enfant , Abou Djehel qui devait plus tard s’acharner contre notre Prophète(psl), se montra le plus heureux de cet évènement , et à cette occasion ,il accorda la liberté à une de ses servantes.
Il faut vous dire ,enfants ,que selon la coutume de cette époque, les notables mecquois mettaient leurs enfants en nourrice chez les villageois . Ainsi en fut-il de Mohammed qui fut confié à Halimé de la tribu des Béni Saad . Avec le nouveau–né, l’abondance et la prospérité entrèrent dans l’humble demeure de Halimé . Aussi de jour en jour s’attachèrent –ils plus tendrement à lui , le comblant de tous leurs soins et l’entourant de toute leur affection . A tel point , qu’ils ne voulaient pas se séparer de lui. La période de l’allaitement étant terminée et l’enfant ayant atteint l’âge de deux ans ,Halimé bien à regret , s’achemina vers la ville afin de le rendre à sa mère .
La peste sévissait alors à la Mecque et causait d’énormes ravages parmi la population .Craignant ce fléau , Aména se sépara une seconde fois de son fils et le confia de nouveau à sa bonne nourrice . Il resta encore trois ans chez cette dernière .C’est ainsi qu’il passa sa toute petite enfance parmi les paysans choyé par ses frères de lait et partageant leurs jeux enfantins. Ayant atteint ses six ans ,Mohammed revint près de sa mère . Cette dernière décida alors de conduire l’enfant à Médine pour le présenter à ses parents et afin de lui faire visiter le tombeau de son père . Leur domestique Am Imch les accompagnait .
C’est uu cours de leur retour à la Mecque que ,selon la volonté du Seigneur ,Aména s’éteignit .Le fidèle serviteur ramena l’orphelin chez son grand-père Abd-El Moutalib. L’aieul se prit d’une grande affection pour l’enfant , le retenant toujours auprès de lui. Quand il quitta cette terre à l’âge de quatre-vingt deux ans , Mohammed ayant alors huit ans ,en éprouve un vif chagrin . Pleurant à chaudes larmes , il accompagna le défunt à sa dernière demeure. A la suite de ce douloureux évènement ,notre Prophète fut confié à son oncle et protecteur le négociant Abou-Talib .Très vite, il s’attacha à l’enfant , le préférant à ses propres fils,ne consentant jamais à se séparer de lui et veillant jusque sur son sommeil.
Abou Talib était un commerçant qui faisait des affaires avec les pays voisins . Ainsi voyageait – il souvent en Syrie soit pour l’exportation ,soit pour des importations .Mohammad(psl) ayant achevé ses douze ans ,l’oncle décida de se rendre en Syrie pour son négoce .On ne sait pourquoi il refusa d’abord d’emmener son neveu avec lui . Mais si vif était le désir de l’adolescent que son oncle consentit enfin à le prendre avec lui malgré les dangers de la route. Ils partirent donc en voyage. Lorsqu’ils arrivèrent en vue de la cité marchande de Bassora, Abou Talib ,fatigué ,décida de se reposer dans un monastère chrétien des environs .Laissant le jeune Mohammed ,ses bagages et ses bêtes à l’ombre d’un arbre , il se rendit près du moine Béhira .
A peine celui-ci l’eut–il aperçu qu’il lui demanda à brûle–pourpoint
“Où est l’enfant qui t’accompagnait ?” .
Abou-Talib lui répondit qu’il l’avait laissé avec ses chameaux .Le religieux exprima alors le désir de le voir .Dés qu’il aperçu l’enfant prédestiné , une intention divine le poussant , il’s’écria :
“Voilà ,c’est lui ,le dernier des Prophètes”.
Surpris d’entendre ces paroles , Abou -Talib lui en demanda l’explication .Alors ,le moine répliqua :
“Quand vous veniez , j’ai vu planer un nuage sur sa tête ”.
Puis ,se prenant à examiner avec attention les nobles traits de l’enfant et relevant la délicatesse de ses manières ,il constata qu’il était marqué entre les épaules du sceau de la prophétie. Ayant relevé ce signe ,il n’eut plus de doute et fut certain qu’il avait devant lui le dernier des Envoyés de Dieu . C’est pourquoi craignant qu’un accident ne lui arrivât en route , il conseilla vivement à Abou -Talib de renoncer à atteindre Bassora et de retourner chez lui.L’oncle suivit le sage avis du moine.
Durant le retour, il faisait excessivement chaud .Néanmoins , le miraculeux nuage flottait toujours au-dessus de Mohammad ,le préservant de l’ardeur du soleil .
Après cet évènement, Abou-Talib commença à s’appliquer sérieusement à compléter l’éducation de l’enfant prédestiné Cela lui fut facile .Car à mesure qu’il grandissait ,son intelligence se développait et sa nature noble le portait toujours à agir avec gentillesse .C’est ainsi qu’il ne manquait jamais de témoigner un profond respect aux personnes âgées . Son coeur était rempli de compassion pour les pauvres,les souffrants ,les petits ,uniquement parce qu’il les sentait accablés par le poids du malheur .