Après la disparition d’El Hadji Abdoulaye Niass en 1922, ses successeurs et ses enfants ont poursuivi les relations avec le Maroc et surtout la ville de Fès et ses Muqaddams. Ils participèrent, de ce fait, au renforcement des relations entre Tijani sénégalais et marocains de manière générale. Ainsi son fils aîné, Muhammad Niass, plus connu, par la suite, sous le nom de Khalifa Niass, se rendra une deuxième fois à Fès en 1924. Il reçut, comme son père, deux Ijaza de Mahmud et de Muhammad fils de Muhammad al-Bashir fils de Sîdi Ahmed Tijânî, le fondateur de la Tijaniya.
Khalifa Niass se présente comme un farouche défenseur de la Tijaniyya dans ses écrits. D’ailleurs, son ouvrage le plus connu est le Al-kibrît al Ahmar fî madâ’ih al-Qutb al-Akbar, un grand recueil composé de 121 qasîda pour un total de 3120 vers. Ce recueil est entièrement consacré à l’éloge de la Tarîqa, de son fondateur et de ses muqaddams les plus connus. Muhammad Khalifa Niass entretint de très bonnes relations avec Fès comme en attestent ses multiples correspondances. Elles s’adressaient, principalement, au Faqîh Cheikh Ahmad Sukeyrij et à l’historien ‘Abd al-Rahman ibn Zaydân.
Ces correspondances porteraient sur les échanges de manuels et de supports d’enseignements communs à l’école sénégalaise et marocaine et de la situation de la confrérie en Afrique de l’ouest et au Sénégal, en particulier. Un autre fils d’El Hadj Abdoulaye Niass, Ibrahima Niass, se consacrera à l’expansion de la Tijaniyya, non seulement au Sénégal, mais dans le reste de la sous-région ouest-africaine et même en Afrique centrale, moins islamisée. Il fut à la base d’un vaste mouvement d’expansion de la confrérie jusqu’au Nigeria, au Cameroun, en Guinée, au Ghana et même en Asie et aux Etats Unis.
En raison de sa grande culture littéraire, religieuse et même mystique selon ses disciples, Cheikh Ibrahima Niass était tellement influent dans les milieux Tijanis que son aura gagnera très vite les grandes capitales religieuses arabes comme Fès. Au regard du rayonnement international des Niass la Zawiya-mère, à Fès, avait toujours eu des liens avec Medina Baye.
Cheikh El Hadji Abdoulaye Niass a visité plusieurs fois Fès, sans compter ses nombreux passages dans cette ville sur la route du pèlerinage à La Mecque ou lors des fréquents déplacements dans le monde arabe en général. Il semblerait qu’il faisait de la capitale religieuse et intellectuelle du Maroc un passage obligé à chaque déplacement à l’étranger. Cheikh Abdoulaye Niass, à force de se rendre au Maroc, avait l’occasion de visiter d’autres villes où se sont éparpillés différents Muqaddams de la confrérie Tijaniyya.
Ainsi, en plus de Fès où il rencontra Sayyid Tayyib, petit-fils de Tayyib al-Sufyânî, et Muhammad Barrâdah, il se rendra Séfrou, Tanger et Settat. Son séjour dans cette dernière ville eut un grand retentissement et revêtit un caractère spécial au regard de ses relations amicales avec Cheikh Ahmed Sukeyrij.
Médina Baye et la Zawiya de Kaolack ont beaucoup participé au rayonnement de la Tijaniyya notamment dans le monde arabe, en Afrique anglophone et surtout aux Etats-Unis avec le travail colossal fait par le regretté Imam Assane Cissé qui, sa vie durant, était un véritable ambassadeur de la Tarîqa Tijaniyya à travers le monde.
Source: Faydatidianiya.com / Prof.Bakary SAMBE-Aga Khan University