De nombreuses personnes ne connaissent de lui que le fait d’avoir mis au monde Mame Khalifa Niass et El hadji Ibrahima Niass dit Baye, deux illustres figures de l’Islam au Sénégal.
Mais la vie d’El hadji Abdoulaye Niass est parsemée de périples et renferme plusieurs mystères. Avant de s’installer à Léona Niassène, en 1911, il a fait l’objet de plusieurs pérégrinations à Louga où il est né jusqu’en Gambie en passant par Tivaouane, Nioro du Rip et Kannène de Kaolack.
Né vers 1844 à Belil, un village situé dans le Djolof, actuel région de Louga, El hadji Abdoulaye Niass a quitté cette contrée pour le Nioro du Rip, à l’âge de 17 ans. C’était pour participer à la résistance armée contre la colonisation française lancée par Maba Diakhou Bâ, suite à la disparition de Cheikh Oumar Tall. «C’est lui qui a fondé Léona Niassène, en 1912. Il n’est pas originaire du Saloum, mais plutôt de Louga, terre de ses arrières grands-parents. C’est le Jihad lancé par Maba Diakhou qui a conduit son père, Mouhamed Niass et lui à Nioro du Rip. C’était vers les années 1800. A la fin de ce jihad qui n’a pas laissé en vie son initiateur, El hadji Abdoulaye Niass fonda Niassène Walo, un village situé à quelques encablures de Nioro», confie Ousmane Niass, fils du défunt khalife de Léona, El hadji Ibrahima Niass. «Quelques années après, il a été accusé de vouloir installer le terrorisme dans ces localités et poussé à l’exil. Parce que bon nombre avaient déposé leurs armes contre les blancs. Il a été le seul à s’offusquer contre la domination des colons. Il poursuit son chemin pour s’installer en Gambie», ajoute notre interlocuteur.
L’histoire de son périple à Tivaouane
Après avoir passé des dizaines d’années dans ce pays, El hadji Abdoulaye décida de rendre visite à Tivaouane, à El hadji Malick Sy, un des fervents disciples de la Tarikha Tidiane fondée par Cheikh Ahmed Tidiane. Avant cela, il avait été à Fès (Maroc) pour rendre visite à Cheikh Ahmed Tidiane, en 1910. «À son retour en 1911, il est passé par Tivaouane. C’était en 1911. Il a passé quelques mois dans cette cité. Certains avancent 3 mois, d’autres soutiennent 6 mois. Personne ne détient une once d’information sur leur tête à tête. Il a assisté à un Gamou là-bas. Il a même été l’imam de la mosquée», renseigne Ousmane Niass. A l’en croire, pour empêcher son hôte de retourner en Gambie, El hadji Malick Sy écrivit une correspondance au gouverneur de Saint-Louis. Dans la lettre envoyée, le marabout demande à celui-ci de dissuader El hadji Abdoulaye. Quelque temps, il reçoit la réponse de l’autorité que son souhait sera appliqué à la lettre. Ainsi, le gouverneur de Saint-Louis, à l’époque, envoya une lettre de circulaire à son collègue de Kaolack pour l’interpeller sur la question. Celuici, à son tour, contacte Tivaouane pour, lui aussi, demander à Elhadji Malick de dire à son hôte de passer chez lui avant de rallier la Gambie. «Il avait payé 250 francs pour l’écriture de cette correspondance rédigée par un avocat français. El hadji Malick avait écrit dans sa lettre que c’est une perte de laisser El hadji Abdoulaye Niass en exil. Il a de nombreux disciples et disposent hectares de champs qu’ils cultivent. Et que c’est la Gambie, une colonie anglaise, qui, tôt ou tard, bénéficiera de son oeuvre. A la fin de chaque hivernage, il récolte plusieurs tonnes d’arachides. Alors que le Sénégal a besoin des hommes de cette dimension», dit-il.
Après cela, El hadij Malick fait venir à Tivaouane, El hadji Abdou Kane, un de ses disciples basé à Kaolack, dans un quartier dénommé Kanène. C’est pour l’informer pour qu’il puisse jouer sa partition sur le retour au bercail de leur collègue, El hadji Abdoulaye Niass. On est toujours entre 1911 et 1912. Au préalable, El hadji Malick Sy lui avait demandé, une fois à Kaolack, de passer voir le commandant de la région avant de continuer son chemin. Sinon, il sera poursuivi pour effraction dans le pays d’autrui sans autorisation. C’était pour murir son plan. D’après Ousmane Niass, il avait refusé sous le prétexte qu’il détient des disciples qui ne peuvent pas habiter dans la ville puisqu’ils sont des paysans et éleveurs. «Sa vieille bâtisse démolie est toujours à Kanène», note-t-il. Après avoir fait le tour de Kaolack, il tombe sur un large espace séparé de la gouvernance d’une route goudronnée. Charmé par cet endroit, il le choisit. Un instant, El hadji Abdoulaye Niass revient voir le gouverneur pour lui demander de lui vendre les parcelles, parce qu’il est croyant et ne veut pas occuper illégalement des biens. Proposition que celui-ci a acceptée. Il a commencé à célébrer le Gamou dans sa nouvelle cité la même année, en 1911. El hadji Abdoulaye Niass a disparu en 1922, quelques mois après la disparition d’El hadji Malick Sy. Il a mis au monde une dizaine de bouts de bois de Dieu. Parmi eux, Mame Khalifa Niass son aîné, Mame Cheikh Omar Niass, Mame Ngadia Niass, Mame Safiyou Niass, Elhadji Mame Safiyahou Niass, Elhadji Ibrahima Niass dit Baye, etc. Baye Niass a été son huitième fils.
Source: Faydatidianiya.com – Walf.net