Deux articles parus au début de l’année 1938 qui font référence à la mosquée de Medina Baye peu avant son inauguration
D’autres rares documents d’archive sur MAAM BAAY ÑAS. La construction de la mosquée de Médina. (suite et fin)
Je reproduis ici deux articles parus au début de l’année 1938 sur le quotidien Paris-Dakar, qui font référence à la mosquée de Médina peu avant son inauguration. On y apprend des intéressants détails comme le nom de l’architecte et de l’entrepreneur.
Article du 15 janvier 1938 signé Magatte Madiké Diop:
« El Hadj Ibra Niasse est un éminent marabout bien que jeune, étant, actuellement, âgé de 38 ans.
Il est né Taiba, Niassène ((région du Rip), dans le cercle du Sine- Saloum, issu d’une famille ouoloff originaire du Djoloff. Son père, bien connu, El Hadji Abdoulaye Niasse, fut l’un des plus grands chefs religieux de son époque. Il est, décédé à Kaolack en 1922, laissant 20 garçons comme héritiers, dont El Hadji Ibra Niasse. Ce dernier fit vite preuve d’ une érudition admirable qui lui attira l’attachement d’un très grand nombre de croyants. II gagna rapidement une réputation universelle qui engendra un malentendu entre lui et les siens.
Vers 1931, El Hadj Ibra Niasse créa, à 2 kilomètres de Kaolack, à proximité de la, voie ferrée, un nouveau village qu’il désigna sous le nom de « Médina, », et s’y installa avec son entourage direct.
Faydatidianiya, En décembre 1936, il entreprit le long voyage traditionnel de La Mecque. A son retour, il exprima
son entière satisfaction de l’accueil tout d’honneur que les autorités n’ont pas cessé de lui réserver pendant ce long trajet, grâce à une recommandation particulière lui lui a été remise lors de son départ de Dakar par le Gouvernement Général. Aussitôt revenu, El Hadj Ibra Niasse fit poser la première pierre d’une grande mosquée dont les minarets dominent actuellement, toute la région de la capitale du Sine-Saloum. Ces importants travaux sont dirigés par le vaillant mutilé de guerre Hadj Abdoulaye Sall. Il a pu donner par cette occasion les preuves de ses capacités professionnelles acquises durant plus de 20 années pendant lesquelles il a dirigé comme chcomme chef (le chantier, d’importants travaux dans les Entreprises Bouquereau, à Dakar, entre autres ceux de la Police, de la Polyclinique Roume, de l’Institut Pasteur et, du service zootechnique. Or, qui dit Entreprises Bouquereau dit école d’architecture. Cette compagnie a contribué pour une large part à l’embellissement de la ville impériale. Tous les Sénégalais connaissent ce nom. Ernest Bouquereau, qui s’est retiré en 1936 dans son pays natal de France, venait d’obtenir la Légion d’honneur, en récompense des grands efforts qu’il a toujours déployés au Sénégal durant, 30 ans.
Faydatidianiya, Il était l’homme bienveillant qui assistait, ses employés dans des circonstances difficiles et qui a largement utilisé la main-d’œuvre humaine. Il enlevait sans peine les principaux lois des adjudications, ce qui donnait, à ses ouvriers toutes les occasions de bien connaître leur métier. L’importance des travaux de la mosquée de Médina serait dans les environs d’un million de francs. Le marabout n’en doit qu’à ses propres moyens, grâce à la fidélité de ses disciples. Le temple est fait d’un style franco-arabe suivant un plan dressé par M. Bonneau, l’architecte bien connu à Dakar. C’est là pour l’auteur une importante contribution à la mise en valeur de la colonie. Ce monument symbolise d’une part les sentiments hautement religieux ainsi que la mesure des moyens du marabout et, d’autre part, le degré d’intelligence du noir illettré dans sa spécialité. Puissent ces preuves trouver auprès des autorités toute l’intention qu’elles méritent pour ne pas devenir des vains efforts. »
Article du 23 février 1938 signé par notre mystérieux L. K. (1)
Faydatidianiya, « Commencée en juin 1937 sous l’habile et énergique direction d’El Hadj Abdoulaye Fall, un des entrepreneurs sénégalais les plus experts, la mosquée d’El Hadji Ibrahima Niasse, de Médina, mesure 25 mètres de long sur 20 mètres de large.
Vrai modèle d’architecture franco-arabe, celle mosquée, pouvant contenir dans ses murs 1.500 personnes 5.000 autres dans ses alentours, possède une superbe piscine destinée aux ablutions rituelles.
A l’étage supérieur de cet élégant édifice, se trouvent les logements et six chambres réservées aux méditations du «Kheulva» et un oratoire personnel pour le grand marabout. Vingt colonnes, d’une rigidité granitique, soutiennent avec aisance la gracieuse masse charpentée sur laquelle est construit ce sanctuaire.
Une bibliothèque richement dotée des meilleurs livres des sciences arabiques, .permettra aux amateurs affamés de connaissances de satisfaire leur désir de set cultiver. Faydatidianiya,
Nous rappelons que le plan de cette mosquée a été dressé par M. Bonneau, architecte de qualité à Dakar, et que la tâche a été accomplie par cet excellent fils du Sénégal, El Hadj Abdoulaye Sall.
Donc, grand honneur à tous ceux qui ont conçu et mis debout, en pleine steppe «saloumoise», cette harmonieuse mosquée, que atteste dans notre Sénégal la vitalité de l’Islam, religion de bonté, de fraternité et de charité. »
(1) Ceux qui suivent mes publications ont déjà rencontré ce journaliste à l’identité mystérieuse, qui durant les années 1930 écrit différents articles sur Paris-Dakar sur les chefs religieux et les chefs de canton du Sénégal, utilisant un ton très panégyrique. C’est un source écrit intéressante car c’est un regard sénégalais sur l’histoire contemporaine de son propre pays. Je suis curieux de connaitre son identité.
Source: Faydatidianiya.com – Quotidien Paris-Dakar