Baye Niass : De la naissance à l’instauration de la Faydatidianiya, l’océan de la réalité divine dont 70 % des tidianes sont ses disciples

De la naissance à l’instauration de la Faydatidianiya, l’océan de la réalité divine dont 70 % des tidjanes sont ses disciples

La voix du peuple brisé, du peuple contrebalancé entre la tyrannie coloniale et les mystifications de politiciens professionnels en mal d’audience

Quand on évoque son nom, on pense généralement à cette période à la laquelle, nombreux sont les jeunes qui tentent, par des moyens spirituels, de se défaire de certains comportements qui n’honorent guère l’homme. Cheikh Al Islam, Elhadj Ibrahima Niass est celui qui a incarné au plus haut point et a porté très haut le drapeau de la connaissance intuitive (du Ma’Rifat) qui justifie la manifestation et notre présence ici-bas.

Naissance du Fils de Mame Astou Dianka :

Taïba Niassène, le village mythique situé à une quarantaine de kilomètres, a vu naitre Baye Niass de son vrai nom Ibrahima Niass (forme longue) Cheikh Ibrahim est né le jeudi 15 rajab 1318 H correspondant au 8 novembre 1900 et est décédé le jeudi 17 Rajab 1395.

Le Cheikh est né de deux parents qui sont croyants, nobles, vertueux, endurants et cultivant la crainte. Sa mère, par ailleurs fille d’Ibrahim est d’une lignée noble. Son père, El Hadj Abdoulaye Niass, fils de Bakari, fils de Muhammad AL Amîn, fils de Samba fils de Ridâ était un détenteur d’un immense savoir et maîtrisait le Coran dont il fut un éminent exégète.

D’ailleurs, il s’est occupé seul de l’éducation de tous ses enfants, gagnant ainsi le pari sur la volonté des autorités coloniales d’enseigner le français aux fils de marabouts afin de les bouter hors de la culture islamique. Cette règle est toutefois notée sur le parcours éducatif de Cheikh Ibrahim qui fut sans contestation le plus illustre d’eux.

Cheikh al-Islam El Hadji Ibrahima ibn Abd Allah at-Tidjani al-Khawlakhi était un des principaux leaders de l’ordre soufi tidjane en Afrique Occidentale. Il est aussi appelé par ses disciples sous le nom de Baye (père en wolof). Il est le fondateur de la branche Ibrahimiyyah de la Tidjaniyya dont les adhérents se désignent comme les gens de la « Faydhah Tidjaniyya ».

Les non-adhérents appellent souvent ses disciples « Niassènes »qui signifie en wolof « ceux qui appartiennent à la famille Niasse «bien que ses disciples ne se reconnaissent pas comme tel. Après la mort de son père à Leona Niassène en 1922, son frère ainé Muhammad al-Khalifa devient calife.

Mais grace à son charisme et à ses connaissances précoces, Ibrahim gagne de nombreux disciples, ce qui amènera des tensions entre ses talibés et ceux de son frère. En 1929, le jeune Ibrahim déclare que le prophète Muhammad (P.S.L.) lui a enseigné les secrets de la connaissance de Dieu et que quiconque souhaiterait les savoir devrait passer par lui. En 1930 après la prière de l’Aid El Fitr, une bataille a lieu entre ses talibés et ceux de son frère. C’est à ce moment qu’il sut qu’il devait s’exiler.

Ce soir-là, il partit avec ses amis proches pour trouver un foyer. Le jour suivant, ils commencèrent à établir une nouvelle zawiyya à Médina Baye. En 1945, il retourna à sa maison paternelle, dans son village natal, pour reconstruire et réorganiser le village après qu’un incendie eut presque tout détruit. Son aura se répandit alors rapidement dans tout le pays et la plupart des disciples de son père se rallièrent à lui en dépit de son statut de benjamin de la famille.

Plusieurs leaders de la tribu Idaw ‘Ali, tribu qui amena la Tidjaniyya en Afrique de l’Ouest, devinrent ses disciples y compris Chaykhani, Muhammad an-Nawi et Muhammad al-Misri. Dans les années 1940, après avoir rencontré l’émir de Kano à La Mecque, il gagna l’allégeance de prééminents leaders tidjanes du Nigeria. Il devint un leader écouté chez les Haoussas. Il obtint plus de talibés à l’extérieur qu’à l’intérieur du Sénégal. Après sa mort, la communauté fut dirigée par son disciple et gendre Aliou Cissé et son fils Abd Allah Ibrahim Niasse.

Cheikh Baye et ses écrits… :

Le titre de « Hafitz » lui était tout bonnement attribué. Ceci est dû simplement à ce que Baye Niass mémorisa le Coran dès la tendre enfance. Il l’a étudié sous la direction de son père, le grand érudit El hadj Abdoulaye Niass. C’est ainsi qu’auprès de son père, Baye Niass recherchera le savoir et ses différentes branches qu’il maitrisait parfaitement.
Baye Niass fit sa formation religieuse entre Taïba Niassène et Kossy Mbiteyène, localités situées dans le département de Nioro du Rip. C’est ainsi qu’à l’âge de 20 ans, Baye Niass écrivit son premier livre intitulé « Rouhoul Adab ».

Après le décès de son père, en l’an 1340 de l’hégire, à l’âge de 76 ans (de l’année lunaire) alors qu’il n’avait que 20 ans, il n’étudia plus chez aucun maître.
Et pourtant la totalité des savants qu’il a croisés durant ses longs et riches périples ont proclamé l’excellence et la vastitude de son savoir plus qu’encyclopédique. Il commença l’exégèse du Coran avec une maîtrise et une originalité stupéfiantes. Il ajoutait dans ses séances plus que n’en disaient les livres des exégètes et se donnait l’ample liberté d’apporter des correctifs dans le sens des traductions habituelles.

L’avènement de la Faydatidianiya :

Les enseignements de Cheikh Al Islam Baye Niass ont traversé les frontières et poussent des milliers de personnes à faire le déplacement lors de la commémoration du Gamou pour se recueillir au mausolée du maitre de la Fayda Tidiane.

En fin 1929-début 1930, alors que la crise économique qui venait d’éclater aux Etats-Unis, commençait à embrasser le reste de la planète, Baye Niass déclara à la face du monde qu’il était ce saint annoncé par Mawlana Cheikh Ahmed Tidiane, comme son propre héritier et le seul habilité à propager la fayda décrite par Aboul Abbas en ces termes : « l’effluve viendra avec un de mes disciples à tel point que les hommes entrent dans notre voie (tarîqa) par groupes, par peuples. Cette fayda adviendra à un moment où le monde éprouvera de grandes difficultés ».

Selon Baye, « la sagesse de l’apparition de cette Fayda à cette époque pervertie s’explique par la faiblesse de la foi dans le cœur des hommes et par la multitude des voies perverses et perdantes. Or cette communauté islamique est une communauté vénérable auprès de Dieu et alors fut ouverte et déversé vers eux, l’effluve des connaissances gnostiques et des vérités essentielles pour qu’ils retournent à la source de la foi naturelle.

Un Vendredi lendemain d’un Maoloud an Nabi, ou commémoration de la naissance du Prophète, Mouhamed Psl, vers 9heures, Ibrahima Abdallah Niass alors connu sous le pseudonyme d’Ibra Asta déclara : « Que celui qui veut connaitre Allah et le çahiboul (détenteur) fayda me suive, qu’il soit homme femme, jeune ou vieux ! Les assistants étaient comme interdits. N’ont-ils pas été informés de la mission secrète de Cheikh Abdallah Oud Hadj El Alawi père de Mishri ? Après avoir testé le jeune Ibrahima alors âgé de 10 ans, le saint homme dit à El Hadj Abdallah : « Ton fils n’a nullement besoin d’être parrainé par une créature, car Dieu le Très Haut l’a élu ».
Il confia dès lors au jeune BAYE qu’« Une fayda te viendra entre les mains en vérité et sans aucun doute ; et si un autre prétend la détenir, ce ne sera là que mensonge ; mais tu verras à ton égard de la méchanceté telle qu’aucun de tes prédécesseurs n’en a jamais vu… . Tu es le plus grand homme de la voie Tidiane de tous les temps ». Pour dire que le jeune garçon fut annoncé par Cheikh Ahmad Tidiane comme futur réformateur de la Tidianya.

La faydatidianiya (ou inondation en arabe) est une expression métaphorique qui traduit l’adhésion massive d’hommes et de femmes à l’Islam et à la tarîqa Tidiane. Véritable mosaïques des peuples, les fidèles, rassemblés autour de leur maitre et nourris de la sève spirituelle, constitueront une famille unie dans la foi en Allah, toutes différences ethniques, culturelles ou sociales fondues dans l’unicité divine », lit-on dans le livre de Mouhamadou Mahdy Niass : « Baye Niasse le défenseur de l’Islam », tome 1, imprimerie Cheikh al Islam El Hadji Ibrahim Niass, page 30.

L’œuvre de l’élu

Il fut notamment le premier noir Africain à diriger la prière dans la prestigieuse mosquée d’al Azhar en Égypte, le grand savant Muhammad Al Ghazali lui demanda de faire les khutba, ce dernier fut stupéfait de l’ampleur du discours il en prit note et fit lui-même une grande conférence à partir de la Khutba de Cheikh Ibrahim, on demanda à Cheikh Ibrahim d’effectuer la semaine suivante le khutba et ce qu’il fit à quatre reprises. Les savants locaux furent fort intéressés par l’éloquence.

Baye Niass compte de nombreux disciples dans le monde entier de toutes les nationalités. On estime ses disciples autour de 130 millions aujourd’hui, soit près de 70 % des tidjanes à travers le monde.

Le Cheikh possédait aussi de très belles et nobles qualités, toutes marquées du sceau de la complétude lesquelles suscitaient l’attirance de tous ceux qui le connurent. Il entretenait des relations avec des personnes de nationalités diverses. Il ne proférait que les meilleures paroles et était d’une grande générosité. Il était véridique et son cœur pur était rempli de crainte pieuse. Il était magnanime et disait «j’ai un regard pour le fils d’Adam par lequel il m’est impossible de le détester». Il était toujours occupé et ne connut jamais de moments de répit. Il n’était pas prisonnier du repos et de la paresse.

Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima NIASS mourut à Londres le 26 juillet 1975 à l’âge 75 ans et fut enterré dans l’enceinte de la mosquée de Médina Baye (Kaolack) qu’il a lui-même fait ériger et laissant ainsi un riche héritage tant dans le domaine social que spirituel.

source : faydatidianiya.com