L’Université de Médina Baye pleure son chef de département coranique (Par Mohamed Tidiane NDIAYE, journaliste à l’APS)

L’Université de Médina Baye pleure son chef de département coranique

L’Université de Médina Baye pleure son chef de département coranique (Par Mohamed Tidiane NDIAYE, journaliste à l’APS)

 

Dakar, 27 Déc 2020 – Cheikha Maryama Niass (1932-2020à), fille de Cheikh Ibrahima Niass (1900-1975) rappelée à Dieu samedi à son domicile de Mermoz à Dakar à l’âge de 88 ans, était durant toute sa vie au service exclusif du Coran au point d’être surnommée le serviteur du Livre saint à Médina Baye, une cité réputée pour son pôle du savoir.

Née en 1932 dans la bourgade villageoise de Kossi dans le département de Kaolack (centre), site symbolique et étape déterminante dans la naissance de la Fayda Tidjania, cette science gnostique dont Cheikh Ibrahima Niass dit en être l’incarnation, Cheikha Maryama Niass a été très vite initiée au Coran par son vénéré père dès 1937.

‘’Son père n’a jamais cessé de s’investir davantage à l’apprentissage de ses enfants, garçons et filles. Il assura cet apprentissage ou le confia à des maitres coraniques qu’il avait lui-même désignés’’, a écrit Pr Thierno Ka dans un ouvrage intitulé ‘’Les grandes figures islamiques du Sénégal : Sayda Maryama Niass, serviteur du Saint Coran’’.

Publié en 2013 par l’Institut fondamental d’Afrique noire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ce livre retrace ‘’la vie et l’œuvre de cette personnalité féminine à travers ses activités liées aux études, à l’enseignement, à l’éducation, au développement et aux relations solides qu’elle a su tisser avec plusieurs pays du monde en Afrique, en Asie, en Europe et dans les Amériques’’.

Ainsi la jeune Maryam Niass est confiée à la famille de Cheikh Mouhamed Ould Ar-Rabbani de la Mauritanie comme la plupart de ses frères et sœurs pour compléter son apprentissage et sa mémoristion du Saint Coran.

‘’La tradition voulait que cet apprentissage soit d’abord assuré par Cheikh Ibrahima Niass avant tout transfert auprès de Cheikh Mouhamad Ould Ar Rabbani. Ce dernier fut le maitre de la plupart des fils de Cheikh Al Islam, de ses neveux et de ses disciples’’, a expliqué Pr Thierno Ka dans son ouvrage visité par l’APS.

C’est pendant cette période que la jeune Maryama Niass mémorisa parfaitement le Saint Coran et fut honorée grandement par son père conformément à la noblesse du Livre sacré, a écrit Pr Ka, ajoutant que ‘’l’objectif pour Baye Niass fut d’encourager et d’inciter de manière directe ou indirecte les gens au savoir’’.

‘’Mon père m’avait donné d’argent, de l’or et d’autres valeurs quand j’avais fini de mémorisé le Saint Coran. Il avait fait de moi une princesse, tellement il était aux anges en voyant ses merveilleusement le Coran’’, avait l’habitude de dire Cheikha Maryama Niass lors de ses nombreuses interventions publiques.

Après une décennie d’apprentissage et de mémorisation du Saint Coran, Maryama Niass fut initiée en sciences juridiques et en langue arabe par son propre père.

‘’C’était Baye Niass lui-même quin était en charge de ses enseignements selon le programme et le manuel en vigueur dans les foyers d’études islamiques traditionnels au Sénégal et en Afrique au Sud du Sahara. Chaque foyer adopte une méthode particulière pour dispenser différentes disciplines. C’est une phase qui exigeait de grands efforts, à plus forte raisons, pour les filles musulmanes’’, a mentionné l’auteur.

Après avoir été à l’aise dans la langue arabe et obtenu un haut niveau des sciences islamiques, Cheikha Maryama Niass se chargera conformément aux attentes de son père, la mission d’enseigner le Coran dans l’école de son père à Médina Baye.

‘’Cette période où elle était avec son père est considérée comme étant une phase préliminaire pour les autres étapes à venir qui allaient adjoindre les exigences de la vie conjugale au métier d’enseignant dans un autre univers qu’est Dakar (…) où elle doit assurer cette fonction noble avec la construction d’une nouvelle famille éduquée aux vertus islamiques et humanitaires louables’’, a mentionné le document de 79 pages écrit en Français et en Arabe.

C’est en 1952 que Cheikha Maryama Niass rejoignit à Dakar son époux El Hadji Oumar Kane, un toucouleur originaire du Fouta Toro ‘’pour créer une société fondée sur des bases et des traditions variées d’un milieu à un autre’’.

Dans la demeure conjugale elle cumula plus tard l’enseignement, la Direction, les acticités ménagères et familiales et l’accueil des disciples de Baye Niass, la maison de son époux Oumar Kane étant à l’époque un lieu d’accueil des étrangers qui venaient du Saloum, du Fouta et d’ailleurs, a rappelé le livre.

‘’De 1952 à 1960, l’école coranique dirigée par Cheikha Maryama Niass a fait un grand raypnnement au Sénégal et à l’extérieur. Elle accueillait sur autorisation de son époux et de son père des vagues de disciples parmi lesquels on peut compter des fils et filles des chefs religieux du Sénégal’’, a souligné cet ouvrage aux allures d’une biographie de Cheikha Maryama Niass.

L’école coranique est devenue entre-temps un institut international fréquenté par des élèves venant de plusieurs pays d’Afrique et du monde ; donnant à l’établissement une autre allure aussi bien dans sa dimension physique que dans l’évolution de son contenu pédagogique.

‘’Personne ne peut vous dire avec exactitude combien d’élèves nationaux et étrangers qu’elle a formé dans l’apprentissage, la mémorisation du Saint Coran et dans d’autres domaines pédagogiques. Ce sont des vagues d’étrangers venant de toutes les contrées du monde’’, s’est étonné Cheikh Mouhamidna Ibrahima Niass, président de la Jamhiyatu Ansaru Din, cette structure qui se réclame plus de 450 millions de membres, regroupant les disciples de Baye Niass dans le monde.

La sœur ainée de l’actuel khalife de Médina Baye multiplia les activités culturelles et économiques pour faire connaitre à son établissement une autre dimension. ‘’Entre 1985 et 1989, Cheikha Maryama Niass a initié beaucoup d’activités culturelles allant de l’organisation de plsuieurs activités culturelles à la tenue de colloques dont le thème central tournait souvent à l’enseignement coranique’’, a fait remarquer la même source.

La création d’une émission à la télévision publique dans les années 1980, la création d’une agence de voyage consacrée au Hadj et au Houmra (Grand et Petit pelerinage aux lieux saint de l’Islam), le développement de plusieurs activités commerciales et la participation de l’tétablissement à des concours internationaux de Coran ont fini de donner à l’école de Cheikha Maryama Niass une renommée internationale.

Elle entama dans les années 1970 plusieurs voyages à l’étranger et tissa de solides relations avec les dirigeants des pays visités. ‘’Cheikha Maryama Niass avait commencé par l’Europe où elle a brandit le drapeau de l’Islam en soutennt le dialogue islamo-chretien en prenant part à plusieurs colloques internationaux au moins dans trois continents’’, a insisté Pr Thierno Ka de l’IFAN.

‘’Le voyage le plus important effectué par Cheikha Maryama Niass est celui de 1975 pendznt lequel elle se rendit à nouveau à la Mecque et au Moyen Orient. Il s’en suivit ceux de 1982 et de 1984 qui lui permirent de nouer des contacts dans différents pays du monde arabe dans le but de collecter des dons et des financements pour les besoins pédagogiques, sociaux et religieux de son école’’, a mentionné l’auteur de sa biographie.

En 1987, elle a fait aussi un voyage remarqué à Oman et aux Emirats Arabes Unis qui lui permit de mieux développer son école coranique.

‘’Un jour Cheikha Maryama Niass a été reçue par le roi d’Arabie Saoudite. Elle était accompagnée par quelques-uns de ses élèves. Ces derniers ont récité quelques litanies coraniques. Le roi en était tellement séduit qu’il demanda à Cheikha Maryama de venir s’installer en Arabie Saoudite aux frais du Royaume pour apprendre le Coran aux fils et filles de la famille royale. Mais ma mère avait décliné cette offre généreuse et honorifique’’, a raconté Cheikh Tidiane Kane dit Ben son fils ainé.

Cheikha Maryama Niass entretenait aussi de bons rapports avec le président Abdou Diouf, l’ancienne première dame Viviane Wade ainsi que l’actuel chef de l’Etat Macky Sall, selon Pr Thierno Ka qui a insisté sur ‘’plusieurs lettres de facilitations signées par le président Diouf à des homologues ou à des structures internationales en faveur de l’école coranique de Cheikha Maryama Niass’’.

‘’C’étaient des relations de très haut niveau. En 1988 lors de la visite de l’ancien président algérien Chadi Ben Al Djadid au Sénégal, Cheikha Maryama Niass avait su tisser des relations de coopération avec l’hôte algérien. En 1989 elle était à l’initiative du renouvellement des relations diplomatiques entre le Sénégal et l’Iran. Elle a fait de même en 1999 entre le Sénégal et le Soudan’’, a écrit l’auteur du livre ‘’Les grandes figures islamiques du Sénégal : Cheikha Maryama Niass, Serviteur du Saint Coran’’.

Cheikha Maryma Niass qui sera inhumé lundi à Médina Baye aux côtés de son vénéré père a été rendue hommage à l’annonce de son décès par le président Macky Sall. ‘’Le Sénégal et la Oumma islamique viennet de perdre une de ses illustres fille, Seydah Maryama Niass. Grande promotrice de l’éducation des jeunes filles, elle a rendu service à la science’’, a écrit Macky Sall sur les réseaux sociaux.

Surnommée aussi Khadimatoul Khourane (la serviteuse du Coran), Sayda Maryama Niass a reçu beaucoup de distinctions nationales et internationales pour les services qu’elle a rendus au secteur de l’éducation.

Elle a reçu plusieurs distinctions de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Sénégal pour sa contribution à la formation de nombreux jeunes Américains à la mémorisation du Coran et pour son leadership féminin.

En 2013 le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall avait décidé d’élever à l’Ordre national du Mérite à Cheikha Maryama Niass, mère de cinq hommes et trois femmes dont un haut fonctionnaire à la BCEAU et Pr Ousmane Kane enseignant-chercheur à l’université de Harvard aux Etats Unis d’Amérique.

Source: Faydatidianiya.com – MTN/ESF