Premier discours de Mawlâna Cheikh Ould Khairy à Médina Baye , le soir du vendredi 25 août 1978

Premier discours de Mawlâna Cheikh Ould Khairy à Médina Baye

Mawlâna Cheikh Ould Khairy

Premier discours de Mawlâna Cheikh Ould Khairy à Medina Baye, le vendredi 21 du mois de Ramadan de l’année1398 H, soit vendredi 25 août 1978

Louange à Allah !
Que la paix et le salut d’Allah soient sur le Messager
Assalamu aleykum warahmatullah !
Nous voici à Medina Baye pour entreprendre notre mission principale, celle de la Muzâkara en Dieu ainsi que d’en récolter les fruits. Et nous remercions Allah pour cette occasion qui nous réunit aujourd’hui, en ce dernier vendredi (du mois) de Ramadan, dans la cité de Cheikh Ibrahim Niass, au sein de sa Mosquée…
Un groupe parmi ses bien-aimés qu’il a laissés après lui, alors qu’il les a agréés. De même ceux-ci l’ont également agréé. Et de cet illustre groupe, il y désigna un successeur en l’occurrence son serviteur agréé, Seydi Aliou Cissé.
Nous rendons donc grâce à Allah pour cette rencontre et nous espérons de Lui de perpétuer en nous ces bienfaits, de les accroître et de les parachever en nous.

Cheikh Ibrahim Niass a toujours rappelé que notre force, notre félicité et notre honneur résident dans notre mutuelle exhortation à la vérité et à l’endurance. Et sans nul doute, la foi en Dieu en est une condition. De même, la bonne pratique est une condition pour acquérir le bien.
Allah a juré par Son Prophète Muhammad (PSL) et par la prière médiane, que nul ne sera épargné de la perdition hormis celui chez qui, sont réunis les quatre principes mentionnés dans la Sourate (Asr) :
La croyance en Dieu et en Son Prophète ;
La pratique des bonnes œuvres ;
La recommandation mutuelle de la vérité ;
La recommandation mutuelle de la patience et de l’endurance.

De même toute communauté qui n’incarne pas ces quatre principes, est loin de réunir les conditions d’une société saine et viable. Et tout cela doit être conforme à la foi en Dieu, à la concurrence aux bonnes œuvres et à la mutuelle exhortation à la vérité et à l’endurance.

Ceci est ce que Cheikh Ibrahim Niass ne cessait, en toute circonstance, de nous rappeler. Et en commentant cette Sourate (Al Asr) Seydi Muhamad Al Michri dit : « La mutuelle exhortation à la vérité est pour le cercle d’avant nous ; et l’exhortation à l’endurance constitue notre cercle, dans lequel nous devons assumer la responsabilité ».
En effet, tous les Dawâ-ir (contours) se réunissent en un seul qui est leur quatrième, leur paroxysme et qui supporte leur khilâfa.
Nous espérons d’Allah de nous conformer à ces bonnes œuvres, d’augmenter notre foi en Lui, de nous renforcer dans la vérité et de nous consolider dans l’exhortation à l’endurance.
Notre mission consiste à nous préoccuper d’Allah et à persister dans Son souvenir et dans la prière sur l’élu, le Prophète Muhammad (PSL).

Les Tidjânes récitent abondamment la Salât Fâtihi, de façon particulière, et l’énoncent toujours.
Quant aux adeptes de la Faydatidianiya, leur mission consiste à perpétuer la vigilance vis-à-vis d’Allah par le cœur et Sa contemplation directe. Ceci représente notre mission qui est une grande tâche dont nous espérons d’Allah de nous en faciliter la réalisation et de la considérer à sa juste valeur.
En effet, la responsabilité qui repose sur la communauté de Muhammad (PSL) n’a jamais été portée par aucune communauté antérieure. De même que la responsabilité des hommes de la voie Tidjâne n’a été confiée à aucune autre voie antérieure. Tout cela constitue notre responsabilité. Autant que la mission des hommes de la Fayda – consistant à réunir la Charia et la Haqîqa au point que leur union (Djam’u) ne prédomine point sur leur séparation (farqu) et vice versa- n’a jamais incombé à personne avant eux.
Nous espérons d’Allah d’être parmi la dernière génération de la Faydatidianiya, après que la première, en l’occurrence celle de Kossi nous ait déjà échappée.

Cheikh Ibrahim Niass a promis d’abondants bienfaits aux adeptes de la Fayda, aussi bien aux premiers qu’aux derniers, s’ils s’engagent à en récolter les fruits. En ce sens, il dit : « Qu’il atteigne son but, quiconque vient vers moi. Qu’il soit des premiers ou des derniers. Ô Toi le Dernier ! Ô Toi le Premier ! ». Ce propos figure dans l’un de ses poèmes (de supplication) et constitue une bonne et grande nouvelle pour nous qui ne fûmes pas de la première génération de la Faydatidianiya.
Néanmoins, nous avons vécu les derniers temps. Et en conséquence, nous bénéficierons d’une grande félicité comme les prédécesseurs. Inchaa Allah !

Le chemin de cette félicité réside dans le Zikr permanent, la vigilance constante et la connexion à Allah par l’amour et par l’identification à Lui. Cela est accessible par le biais des panégyriques de Cheikh Ibrahim, ainsi que ses prêches et orientations en Dieu qui ne cessent d’être réalisables, par le Tawfiq (aide) d’Allah. Et pour cela, il nous faut de la sincérité dans la servitude en Dieu, Lui qui observe nos cœurs, qui y agit par Sa force et qui y veille, jusqu’à ce qu’Il trouve en nous le désir de Le connaître et la ferveur de nous rattacher à Lui.
Cheikh Ibrahim Niass dit : « Accroche-toi à ces Hadraats, ne t’en lasse jamais ; car la vie agréable réside dans la perplexité qu’on y éprouve».
La vie agréable réside dans la perplexité(Dahch) qui inclut l’amour en Allah et l’attachement à Lui, de surcroît le bonheur principiel (Azali) et le bonheur actuel.

Et ce, vu que notre avenir sera à l’image de notre présent. De même que notre état actuel définira notre condition dans l’au-delà. Car l’homme n’aura dans l’au-delà que ce qu’il aura semé durant sa vie en ce bas-monde. Et c’est ce qui lui sera confirmé à sa mort.
Donc, si l’homme s’est habitué à se préoccuper d’Allah, à se tenir debout dans les affaires divines et à purifier son adoration pour Allah, il vivra une permanente progression. Dès lors, Allah, de par Sa pure grâce et Son agrément l’accueille et le rapproche de Lui.

L’homme aura la station équivalente à sa quête de la proximité d’Allah. Et dans le Hadith qudsi Allah dit : « Quiconque se rapproche de Moi d’un empan Je Me rapproche de lui d’une coudée. Et quiconque se rapproche de Moi d’une coudée Je Me rapproche de lui d’une brasse… ». Et dans un autre Hadith, Il dit : « …Et le serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par des bonnes prières surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime ; et si Je l’aime Je le deviens… » Allah a présenté le terme « Je le deviens… » globalement et Il y revient en détail……

L’homme est assujetti à ses sens : l’ouïe, la vue, et le cœur. Et Allah Se substituera à l’entendement de l’homme, à la vision de l’homme, à la pensée de l’homme, à l’être de l’homme et même à ses mains par lesquelles il touche. Lors qu’Allah se substitue à l’homme, ce dernier disparaît .Tandis que quand l’homme représente Allah, Allah demeure Seul. Et nulle autre existence que la Sienne ne subsiste. Et dans tous les deux cas, l’existence ne revient qu’à Allah. De même que l’ouïe, la vue et l’être.
Notre mission, comme je l’ai dit précédemment, nécessite plus de clarification afin que les modalités de son accomplissement soient mieux précises et comprises.
Notre mission consiste à nous tenir debout dans la Charia du Prophète Muhammad (PSL), à nous y conformer et à y être droits tels que les compagnons du Prophète l’ont été.

C’est aussi de nous conformer aux principes de droiture selon la Tarîqa Tidjane et de nous en acquitter, tel que Cheikh Tidjane (R.A) s’y conformait. D’autant que notre mission est réellement de réunir ces deux dispositions à savoir, les aspects externes et internes de la Charia. C’est aussi de suivre les traces de Cheikh Ibrahim Niass, de la même manière que celui-ci arpentait le chemin de la droiture. Cela est sûrement difficile, car de nombreux obstacles en obstruent l’accès tels que : l’âme, la passion, Satan et ce bas-monde.

Mais il est également facile si l’on se dirige vers Allah avec confiance et certitude en Lui.
Toutefois, les hommes de Dieu n’ont en face que de s’appuyer sur Allah et Lui faire confiance. Ensuite, ils estiment que nul autre qu’Allah ne peut accorder un profit ni causer une nuisance. De même nul n’entend, n’observe et n’est vivant si ce n’est Allah Seul. Ceci constitue le raisonnement des hommes de Dieu.
Et lorsqu’ils s’appuient en Dieu et dépendent de Lui, ils acquièrent tout et dominent toutes les difficultés. Et Allah leur réalise tout ce qu’ils espéraient de Sa proximité. Mieux, Il leur accorde au-delà de leurs attentes, ce que leur imagination n’a jamais atteint. Et ce, par Sa grâce.

Nous sommes appelés à remercier énormément Allah, et à nous attacher à Lui par une constante gratitude pour ce dont Il nous a gratifiés de bienfaits, qui n’ont jamais été accordés à personne avant nous.
En effet, Allah nous fit grâce de nous avoir fait des êtres humains. Allah dit : « Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures »(S, 17 ; V, 70). Il a fait de nous des musulmans, des membres de la communauté du Prophète Muhammad (PSL), qui est la meilleure des communautés.

De même, Allah a fait de nous des compagnons de Cheikh Tidjane (R.A) qui est le sceau des saints, dont la voie est venue abroger toutes les autres voies. Et dont les pratiques font partie des meilleures pratiques. Et enfin, Allah a fait de nous des compagnons du détenteur de la Fayda, qui est un héritier du Prophète Muhammad (PSL), de Cheikh (R.A) et d’Allah. Ces bienfaits n’ont été gratifiés qu’aux adeptes de la Fayda.
Ainsi, les bienfaits d’Allah sur nous sont abondants. Par conséquent, cela mérite gratitude et reconnaissance de notre part, par nos organes, nos actions et notre verbe.
De même que cela mérite une louange à travers le cœur et une réflexion sur cette louange, en nous y engloutissant et en nous y consacrant constamment.

Et pour accomplir cette louange et cette reconnaissance, nous n’avons qu’Allah. Car tout cela émane de Lui et retourne vers Lui.
Le Seigneur qui nous a accordé ces bienfaits nous donnera l’occasion de Lui être reconnaissants, de même qu’Il nous y accroîtra. Tout cela est auprès d’Allah et nous avons espoir en Lui. Et on l’espère pour nous également.
La Himma (volonté spirituelle) de Cheikh Ibrahim Niass est que nous soyons les meilleurs successeurs des compagnons du Prophète Muhammad (PSL) et les meilleurs successeurs des compagnons de Cheikh Tidjane (R.A).
Et, sans nul doute, ce à quoi la Himma de Cheikh Ibrahim Niass est liée se réalisera. Mais il nous reste à nous y préparer en conséquence, par la reconnaissance des bienfaits et de nous rapprocher toujours de Lui.

En tout cas, il y aura un groupe de fidèles prédisposés à cette tâche. Et il y a parallèlement de fortes menaces à ce sujet. En ce sens Allah dit : «S’Il voulait, Il vous ferait disparaître, ô gens, et en ferait venir d’autres. Car Allah en est très capable » (S, 3 V ; 173). Et Il dit encore : « Et si vous vous détournez, Il vous remplace par un peuple autre que vous, et ils ne seront pas comme vous »(S, 47 ; V, 38). En ce qui nous concerne, cela appelle à la peur. Et immanquablement, cette mission aura ses meneurs à bien.
Toutefois, si nous ne l’assumons pas, en prenant soin d’elle en en faisant notre unique mission, Allah l’accordera à ceux qui s’y engageront (consacreront)……à suivre…

Source : faydatidianiya.com – Jamaa Cherif Cheikh Ould Khairy Abidjan