Séjour de Mame El Hadji Abdoulaye NIASS à Tivaouane : Voici la lettre originale adressée au gouverneur du Sénégal de l’époque qui date du 24 juillet 1911

Séjour de El Hadji Abdoulaye NIASS à Tivaouane : Voici la traduction de la lettre originale adressée au gouverneur du Sénégal de l’époque qui date du 24 juillet 1911

Séjour de El Hadji Abdoulaye NIASS à Tivaouane

Séjour de Mame El Hadji Abdoulaye NIASS à Tivaouane : Voici la traduction de la lettre originale adressée au gouverneur du Sénégal de l’époque qui date du 24 juillet 1911

Document historique exclusif, la lettre qu’El Hadji Malick Sy a fait adréssé pour El Hadji Abdoulaye Niass à l’intention de William Merlaud-Ponty alors administrateur colonial français et gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française (aof). La lettre écrite par l’avocat Mulatre Maitre Carpot relate la vrai histoire de qui a amené son exil en Gambie et les Raisons de son séjour à Tivaouane en attendant que son permis de residence au Sénégal soit établie.

Voici la lettre transcrite:

«J’ai habité longtemps au Sine Saloum, au village Tayba que j’avais fondé moi-même, tout proche de celui de Niassène fondé par mon père, Mouhamadou Niass. J’ai longtemps vécu dans la tranquillité la plus parfaite. Et j’occupais mon temps à cultiver des champs et à instruire de jeunes gens qui s’adressaient à moi pour l’enseignement coranique et qui voulaient se faire initier à l’étude des livres saints. Je crois, Monsieur le gouverneur, que si vous voulez faire enquêter sur cette période de mon existence, vous acquerriez facilement la conviction que tout ce que j’avance est parfaitement vrai. Mes ennuis ont commencé lorsque Mandiaye Dié devint chef de Nioro, c’était au temps où le commandant s’appelait, je crois, M. Chaudron ; Khaly Salifou était interprète.

Je ne sais pas pourquoi Mandiaye Dié s’en est pris à moi et me traita en ennemi. Il ne m’épargnait aucune vexation, même parmi les plus sottes et les plus irritantes. Je ne gênais, cependant, pas son action, car jamais je ne m’occupais de politique et ne m’immisçais dans le règlement des affaires administratives. Je me cantonnais dans la culture de mes champs et dans la méditation. Si jamais je franchissais cette réserve, c’était pour dire à mes enfants que nous étions musulmans, nous étions tout d’abord sujets de la France et pour montrer à notre grande et lointaine patrie toute l’affection et la reconnaissance que nous lui devons. Il fallait exécuter fidèlement ses lois et nous incliner respectueusement devant ceux qui détiennent l’autorité.

Comment se fait-il que, malgré cette attitude si réservée et si digne, Mandiaye Dié ait voulu me poursuivre de sa haine, m’atteindre jusque dans mes droits et mes sentiments de père de famille ? Quoiqu’il en soit, voici près de dix ans que la chose s’est passée, il vint un jour me réclamer mon jeune fils, Mohamed Niass, pour l’envoyer à l’école française. Je ne voulus pas et comme Mandiaye Dié me menaça de s’emparer de mon enfant par la force, je préférai, devant cet abus révoltant, quitter les lieux où j’avais vécu si longtemps. Et abandonner mes intérêts les plus chers pour m’établir à une dizaine de kilomètres de là, de l’autre côté de la frontière de la Gambie anglaise, à Sam.

Mandiaye Dié avait profité de mon départ pour piller mes réserves de mil et me porter ainsi un préjudice. Je me plaignais contre ce chef indigène auprès de M. le commandant de Nioro. Après enquête, il fut convoqué. Vous pourrez encore, Monsieur le gouverneur, être exactement renseigné sur la véracité de ce fait. C’est volontairement que j’étais allé me fixer en territoire anglais. Je n’ai jamais été l’objet d’une mesure d’expulsion ou d’interdiction de séjour.

La preuve, c’est que je suis venu faire des voyages de courte durée au Sénégal, chez des amis comme El Hadji Malick, Madiama Diop à Tivaouane dont les seuls noms indiquent que mes fréquentations, toutes d’honorables et notables personnes, n’ont rien de séditieux. Jamais l’autorité ne me fit la moindre observation. Mais je désirerais, maintenant que Mandiaye Dié est hors d’état de me tracasser et de me nuire, m’établir de nouveau et de façon définitive avec toutes les sûretés, à Tayba. Je viens vous demander, Monsieur le gouverneur, l’autorisation, certain que vous ne pouvez faire autrement que de me l’accorder. Je suis vieux et mes jours sont comptés. Aussi, vous prierai-je de m’envoyer au plus tôt cette autorisation, pour que je puisse en profiter».

Abdoulaye Niass – De Niassène, Nioro du Rip
Actuellement chez Elhadji Malick Sy à Tivaouane